rfi.fr : Les Russes sont des « marchands de fumier » diffusant une « propagande absurde » sur l’attentat de Moscou, afirme la Maison Blanche

Transmis par Roland Marounek AlerteOtan

Les Russes sont des « marchands de fumier » diffusant une « propagande absurde » sur l’attentat de Moscou, estime la Maison Blanche

Les antécédents avérés des Etats-Unis en matière de relations avec les jihadistes justifient de se poser de sérieuses questions (Interview du Prof. Jeffrey Sachs)

La survie de l’Ukraine est en jeu (M.K. Bhadrakumar)

“L’enquête russe sur l’attentat terroriste n’en est qu’à ses débuts” (Scott Ritter)

Derrière le massacre de Moscou (Manlio Dinucci)

Washington Post : « Terrorist attack in Russia exposes vulnerabilities of Putin’s regime »
L’attentat de Moscou a été l’occasion pour certains médias de quasiment se réjouir du coup porté à Poutine, et pour tous de ridiculiser la volonté de mener une enquête   :  pourquoi faire, puisque les États-Unis ont confirmé ?

Les Russes sont des « marchands de fumier » diffusant une « propagande absurde » sur l’attentat de Moscou, estime la Maison Blanche

https://www.rfi.fr/fr/en-bref/20240328-les-russes-sont-des-marchands-de-fumier-diffusant-une-progagande-absurde-sur-l-attentat-de-moscou-maison-blanche

Les dirigeants russes sont des « marchands de fumier » essayant de diffuser une « propagande absurde » à propos de l’attentat de Moscou, dont le groupe Etat islamique est « seul responsable », a dit jeudi un porte-parole de la Maison Blanche.

John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a rapporté que son oncle agriculteur avait « coutume de dire que les meilleurs marchands de fumier transportent souvent leurs échantillons dans leurs bouches » et ajouté : « Les responsables russes semblent être d’assez bons marchands de fumier. »

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Interview du Prof. Jeffrey Sachs (transcription)

 « Cela fait partie de la stratégie à long terme des États-Unis, qui remonte à la fin des années 1970, de payer et d’armer les jihadistes pour attaquer la Russie. C’est un fait. C’était exactement l’idée qui a commencé en 1979 lorsque les États-Unis ont embauché des jihadistes pour attaquer le gouvernement en Afghanistan.

Et l’idée était bien sûr de piéger l’Union Soviétique, pour qu’elle envahisse l’Afghanistan. C’était l’idée du grand Brzezinsky. Mais nous savons que les États-Unis ont  utilisé les jihadistes dans les Balkans, ils ont utilisé des jihadistes dans le Caucase. Et donc cela soulève de très très sérieuses questions.

Si les États-Unis savaient, si les États-Unis ont un antécédent de ce genres de relations,  si les États-Unis ont soutenu les jihadistes en Syrie, et ça, nous le savons, c’était un ordre donné par le président Obama à la CIA qui remonte à 2012, et bien cela soulève un tas de  sérieuses questions.

Nous sommes complètement en guerre maintenant. Nous devons répondre à ces questions,  plutôt que provoquer une nouvelle escalade vers un désastre complet.

Donc, ce n’est pas seulement une tragédie, ce n’est pas seulement un crime, mais c’est aussi clairement, même avec ce que nous savons, et nous ne connaissons pas tous les détails, une provocation des USA, si ils ne disent pas clairement tout ce qu’ils savaient, comment ils le savaient, pourquoi ils ont donné l’avertissement, quelles sont les implications, qu’est-ce qu’ils savaient des liens ukrainiens avec les jihadistes, lesquels étaient clairement en train de fuir vers l’Ukraine.

Toutes ces choses devraient être mises en avant tout à fait franchement.

Mais ce qui c’est passé, comme vous le savez très bien, il y a un jeu dans les médias occidentaux actuellement oh, ça affaibli Poutine, oh, ça montre l’instabilité… En d’autres termes, plutôt qu’avoir un mot de compassion, ou de soulever une seule question, dans le New York Times, ou le Washington Post, ou le Wall Street Journal, ou The Economist, ou le Financial Times, l’histoire a été immédiatement de comment railler, se moquer du président Poutine. C’est incroyable. C’est de la pure russophobie, extrêmement dangereuse.

Mais franchement vous savez,  je vois cela à partir du côté américain. C’est le job du président des États-Unis de ne pas avoir le monde qui explose sur une telle stupidité. Je ne peux pas supporter la puérilité de cela, alors que les enjeux sont à ce point élevés. C’est comme s’ils jouaient à  un jeu. Mais ce n’est pas un jeu. Des milliers de personnes sont tuées. Ces gens-là ont besoin de grandir. L’Occident a fait semblant depuis des années et des années parce qu’il savent mieux que cela (?). Mais ils ont ce narratif. Ils racontent des mensonges. Et Crocus est juste une autre partie de ces mensonges. Car, quelle que soit l’explication, ils ne disent pas la réalité, à propos de ce qu’ils savent, ils n’expliquent rien. Il n’y a pas de sérieux.

Malheureusement nous avons un président qui même dans même dans son jeune temps, n’était pas un très bon gars, mais aujourd’hui… je ne sais même pas s’il pourrait négocier ou non …  C’est la guerre de Biden, et pas uniquement depuis sa présidence. Cela remonte à 2014. Il a fait partie du renversement du président Yanoukovitch. Il est impliqué depuis longtemps. Il a été partisan de l’élargissement de l’OTAN pendant des décennies. Il pousse cela contre la volonté du peuple américain. Donc, c’est sa guerre, pas la guerre du peuple américain.

Et c’est l’une des raisons pour laquelle le Congrès dit non maintenant. C’est intéressant, c’est tellement difficile de résister au complexe militaro-industriel aux États-Unis. chacun de ces parlementaires a une usine d’armes dans son district. Mais même ainsi, ils votent contre cette dépense, parce que leurs électeurs sont en train de leur dire  Nous ne voulons pas jeter par la fenêtre 60 autre milliards de dollars. Et le président Trump a raison la dessus, il a dit qu’il ne voulait pas de cela. Et donc Biden, qui a eu ce projet ukrainien pepuis plus d’une décade, en fait depuis 20 ans, pousse quelque chose contre le peuple américain, contre la volonté du peuple américain. »

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La survie de l’Ukraine est en jeu

Par M.K. Bhadrakumar – Le 28 mars 2024 – Source Indian punchline
Traduit par le Saker francophone https://lesakerfrancophone.fr/la-survie-de-lukraine-est-en-jeu

Une controverse inutile est apparue à propos de l’avis émis par l’ambassade américaine à Moscou le 7 mars, selon lequel “des extrémistes ont des plans imminents pour cibler les grands rassemblements à Moscou, y compris les concerts et avertissant les citoyens américains d’”éviter les grands rassemblements“. Cela a pris la forme d’une querelle diplomatique et, au moins momentanément, l’affirmation américaine selon laquelle ils avaient partagé des “informations” avec les Russes a laissé entendre que les agences de sécurité de Moscou étaient ineptes, tandis que les Russes ont répliqué en disant que les Américains n’avaient rien transmis de spécifique ou d’exploitable. 

Il est clair que Washington était en possession d’informations qui étaient pour le moins suffisamment crédibles en termes de source, mais qui n’étaient pas assez précises pour Moscou. Il est intéressant de noter que l’ambassade du Royaume-Uni à Moscou a également émis un avis similaire déconseillant aux citoyens britanniques de se rendre dans les centres commerciaux. Les services de renseignement américains et britanniques travaillent en tandem.

Toutefois, dans une étrange démarche préventive, le département d’État s’est également empressé, dans les deux heures qui ont suivi l’horrible attentat perpétré dans le centre commercial du Crocus City Hall de Moscou, le 22 mars, de déclarer que l’Ukraine n’était pas responsable de l’attentat. Les alliés européens des États-Unis ont également commencé à répéter la même chose. Comme on pouvait s’y attendre, les Américains ont pris une longueur d’avance dans la guerre de propagande, ce qui leur a permis d’élaborer un récit – également en temps réel – désignant État islamique comme le coupable de ce crime horrible.

Pourtant, dès le lendemain, le président Vladimir Poutine révélait dans son discours à la nation que ce qui s’était passé était “un meurtre de masse prémédité et organisé de personnes pacifiques et sans défense“, rappelant les méthodes nazis “pour mettre en scène une exécution spectaculaire, un acte sanglant d’intimidation“.

Il est important de noter que Poutine a révélé que les auteurs “ont tenté de s’échapper et se sont dirigés vers l’Ukraine, où, selon des informations préliminaires, une fenêtre a été préparée du côté ukrainien pour leur permettre de franchir la frontière de l’État“. Mais il s’est abstenu de désigner des coupables, l’enquête étant en cours.

En d’autres termes, d’après les informations communiquées par Poutine, il semble que les mentors/responsables des auteurs de l’attentat leur aient donné des instructions pour quitter le territoire russe après leur mission en empruntant un itinéraire particulier pour franchir la frontière ukrainienne, où ils étaient attendus par des personnes se trouvant du côté ukrainien de la frontière. Ce qui reste maintenant dans le domaine de “l’inconnu connu” concerne en fait la chaîne de commandement. C’est la première chose.

Deuxièmement, Washington a propagé l’idée qu’il s’agissait d’une attaque par ISIS. En effet, elle a été propagée efficacement par les médias occidentaux et a été conçue comme un faux-fuyant pour confondre les personnes stupides à l’étranger.

Toutefois, en réalité, les auteurs de l’attentat ne se sont pas comportés comme des tueurs d’ISIS en mission suicide qui auraient cherché le martyre, mais plutôt comme des fugitifs en fuite. Ils n’ont pas non plus répondu à l’appel du “djihad“. Il s’agirait de Tadjiks ethniques qui ont admis qu’ils étaient des mercenaires attirés par l’argent.

D’après les vidéos diffusées, les experts estiment également que leurs mouvements à l’intérieur du centre commercial ne témoignent pas des compétences de combat attribuées à des combattants bien entraînés, et qu’ils avaient une “mauvaise discipline“, ce qui signifie qu’ils n’avaient reçu qu’une formation minimale au maniement du fusil. En résumé, il s’agit d’un acte de malignité sans motif, sauf pour ce qui est de l’argent.

Cela dit, l’armée américaine avait récemment “réoutillé” d’anciens combattants d’ISIS. Le 13 février, le Service russe de renseignement extérieur (SVR) a affirmé dans un communiqué que les États-Unis recrutaient des combattants jihadistes pour mener des attaques terroristes sur le territoire de la Russie et des pays de la CEI.

Le communiqué dit : “Ils suivent une formation accélérée sur la base américaine d’Al-Tanf, en Syrie, où on leur apprend à fabriquer et à utiliser des engins explosifs improvisés, ainsi que des méthodes subversives. Un accent particulier est mis sur la planification d’attaques contre des installations lourdement gardées, y compris des missions diplomatiques étrangères… Dans un avenir proche, il est prévu de déployer des militants par petits groupes sur le territoire de la Russie et des pays de la CEI.

Le SVR a également noté qu’”une attention particulière a été accordée à l’implication de personnes originaires du Caucase du Nord russe et d’Asie centrale“.

Le 26 mars, Alexander Bortnikov, directeur du Service fédéral de sécurité (FSB), déclarait dans une interview accordée à la chaîne de télévision Rossiya que les interrogatoires menés jusqu’à présent avec les détenus avaient permis d’établir que l’incident s’inscrivait dans un contexte politique. Il a ajouté que les islamistes radicaux ne pouvaient pas préparer seuls une telle action et qu’ils étaient aidés de l’extérieur.

Bortnikov a déclaré : “Les données primaires que nous avons reçues des détenus le confirment. Nous allons donc continuer à affiner les informations qui devraient nous permettre de déterminer si la participation de la partie ukrainienne est réelle ou non. Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent, tout porte à croire que c’est exactement le cas. Puisque les bandits eux-mêmes avaient l’intention de se rendre à l’étranger, c’est-à-dire sur le territoire de l’Ukraine, d’après nos informations opérationnelles préliminaires, ils attendaient sur place“.

Bortnikov a ajouté que l’attaque terroriste était soutenue non seulement par les services spéciaux ukrainiens, mais que des pays comme la Grande-Bretagne et les États-Unis étaient également derrière le massacre. Selon lui, le principal responsable de l’incident n’a pas encore été identifié et la menace d’un acte terroriste en Russie persiste.

Les remarques de Bortnikov laissent entrevoir une situation difficile classique : La Russie possède des preuves de l’implication de l’Ukraine, mais aucune “preuve” n’est encore suffisante. Il s’agit d’une situation difficile à laquelle les pays sont souvent confrontés dans la lutte contre le terrorisme transfrontalier, en particulier lorsqu’il s’agit d’un terrorisme parrainé par un État. Bien entendu, aucune preuve ne sera acceptée par l’adversaire en fin de compte – alors que dans le cas de l’Ukraine, il y a souvent un empressement à revendiquer le mérite d’avoir saigné la Russie en organisant des opérations sur son sol, comme des assassinats.

En ce qui concerne les États-Unis ou le Royaume-Uni, les Russes estiment qu’en l’absence de renseignements, d’images satellite et même de soutien logistique de la part des puissances occidentales, l’Ukraine n’a pas la capacité d’entreprendre des opérations à l’intérieur de la Russie ou le type d’attaques complexes visant les navires de guerre russes de la flotte de la mer Noire. Mais les puissances occidentales sont invariablement en mode déni lorsqu’elles sont confrontées à de telles accusations de la part de la Russie.

Il ne fait aucun doute que l’attentat contre le Crocus City Hall aura de profondes conséquences géopolitiques et influencera la trajectoire de la guerre en Ukraine. L’incident a suscité une sympathie mondiale massive pour la Russie. Il s’agit maintenant pour Poutine d’un énorme défi politique : agir de manière décisive, comme l’attend l’opinion publique russe, pour déraciner complètement les forces obscures retranchées chez leurs voisins.

Il est concevable que cela implique que Moscou ébranle les fondations mêmes de la situation que Washington a mis en place à Kiev après le coup d’État de 2024. Le New York Times a récemment révélé que la CIA disposait d’une série d’antennes de renseignement tout au long des régions frontalières entre l’Ukraine et la Russie.

Qu’on ne s’y trompe pas, les États-Unis sont déterminés à conserver la vaste infrastructure qu’ils ont créée en Ukraine pour monter des opérations secrètes et déstabiliser la Russie, quoi qu’il en coûte. L’essentiel de la stratégie occidentale consiste à affaiblir la Russie et à l’empêcher de jouer un rôle d’adversaire sur la scène mondiale.

Les mots de TS Eliot tirées de la pièce Murder in the Cathedral me viennent à l’esprit : « Quelle paix peut être trouvée / Pour grandir entre le marteau et l’enclume ? » La guerre est vouée à une escalade dramatique et le déploiement de troupes occidentales en Ukraine n’est qu’une question de temps pour sauver le potentiel résiduel de ce pays en tant qu’État de la ligne de front pour l’OTAN dans sa guerre par procuration contre la Russie. De son côté, la Russie pourrait n’avoir d’autre choix que de rechercher une victoire militaire totale. La réaction russe à plusieurs niveaux se développera en fonction des résultats de l’enquête en cours.

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Le vrai Nord

Scott Ritter, 27 mars
https://www.scottritterextra.com/p/true-north
Traduit par Arrêt Sur Info  https://arretsurinfo.ch/lenquete-russe-sur-lattentat-terroriste-nen-est-qua-ses-debuts/

La navigation astronomique est un art ancien qui consiste à utiliser les étoiles pour tracer une route en haute mer, du temps où les boussoles n’existaient pas encore. La clé d’une navigation astronomique réussie consiste à définir sa position par rapport à l’étoile Polaire. À défaut, on prenait le risque de naviguer sans but sur une mer dépourvue de points de référence fixes, au risque de mourir ou, pire encore, d’être naufragé sur un point inconnu de la planète.

Après une tempête, le capitaine d’un navire et son navigateur scrutaient le ciel à la recherche de l’étoile Polaire, à partir de laquelle ils pouvaient déterminer non seulement la direction du pôle Nord, mais aussi leur position par rapport à l’étoile polaire dans le ciel, afin de pouvoir naviguer en toute sécurité.

Lorsque les forces d’opérations spéciales sont menacées derrière les lignes ennemies, elles procèdent à ce qu’elles appellent “esquive et fuite”, c’est-à-dire éviter d’être repérées et probablement tuées ou capturées, tout en se dirigeant vers un abri désigné à l’avance, d’où elles pourront se regrouper ou être évacuées. La CIA forme ses agents opérationnels à des compétences similaires. Les deux organisations appellent familièrement ces actions “retrouver leur vrai nord”.

Les auteurs de l’horrible attentat contre le Crocus City Hall and Concert Center à Krasnogorsk, une communauté urbaine située au nord-ouest de Moscou, n’étaient pas différents de tous les autres terroristes/militants avant eux : après leur acte barbare, ils ont cherché leur “vrai nord” pour parvenir à s’enfuir.

Les gouvernements occidentaux, les analystes et les experts ont proclamé haut et fort que les hommes qui ont perpétré l’attentat contre le Crocus City Hall n’avaient strictement rien à voir avec l’Ukraine, et ont au contraire adhéré collectivement à un récit qui dépeint les hommes comme des membres de l’État islamique-Khorasan (EI-K). L’État islamique est une ramification d’Al-Qaïda-Irak (AQI) qui a vu le jour en 2013 lorsque les principaux membres d’AQI se sont installés en Syrie. En 2014, l’EI s’est proclamé “califat” et a lancé une série d’opérations qui lui ont permis de prendre le contrôle d’un tiers de la Syrie et d’un quart de l’Irak, avant d’être repoussé et finalement vaincu par une coalition réunissant l’Irak, les États-Unis et l’Iran.

En 2014, des combattants d’Asie centrale affiliés à Al-Qaïda en Afghanistan ont formé une branche de l’EI en Afghanistan, connue sous le nom d’EI-K, qui signifie Khorasan (EI-K). Le Khorasan est un terme ancien désignant le territoire englobant l’Iran, le Turkménistan et l’Afghanistan actuels. L’EI-K poursuit aujourd’hui ses activités en Afghanistan et en Iran, ainsi que dans les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale, dont l’Ouzbékistan et le Tadjikistan.

Selon des responsables américains, les États-Unis ont recueilli des renseignements selon lesquels l’EI-K préparait une attaque contre Moscou au début du mois de mars. Ces renseignements ont motivé l’avertissement public lancé par l’ambassade des États-Unis en Russie le 7 mars, selon lequel des “extrémistes” préparaient une attaque imminente contre de grands rassemblements à Moscou.

“Nous conseillons aux citoyens américains d’éviter les grands rassemblements au cours des prochaines 48 heures”, indiquait l’avertissement publié sur le site web de l’ambassade. Les citoyens américains ont été invités à éviter les foules, y compris les concerts. Ces fonctionnaires américains ont également affirmé (et la Russie l’a reconnu) que la Russie avait été informée des renseignements à l’origine de l’avertissement du 7 mars. Ces informations ont été partagées sur le principe du “devoir d’alerte”, selon lequel les renseignements américains sur les attaques terroristes potentielles doivent être partagés avec les cibles présumées. Toutefois, au lieu de transmettre ces informations par les canaux officiels, la transmission s’est faite de manière non officielle, par des canaux informels, diluant ainsi de manière significative l’impact de l’information. (*)

Les assaillants ont posté une photo d’eux récitant la Shahada, ou serment et credo islamiques [“Je témoigne qu’il n’y a pas d’autre divinité que Dieu, et je témoigne que Muhammad est le Messager de Dieu”] qui, s’il est fait sincèrement, est tout ce qui est requis pour être identifié comme musulman aux yeux de Dieu. Si les spécialistes de l’islam soulignent qu’il suffit de réciter les mots, pour les djihadistes, la récitation de la Shahada accompagnée de l’index droit levé est devenue de rigueur – Oussama Ben Laden l’a prononcée de cette manière, tout comme Abou Bakr al-Baghdadi, le fondateur de l’État islamique.

La Shahada est un rituel, et ceux qui la prononcent doivent en comprendre toute l’importance pour lui donner un sens. Ainsi, si l’on incorpore l’élévation de l’index droit dans le rituel de la Shahada, cela doit être fait avec piété. L’utilisation de la main droite est essentielle – dans la foi musulmane, la main droite symbolise tout ce qui est bon, et la gauche est réservée aux actes impurs : “Nul parmi vous ne doit manger ni boire à l’aide de sa main gauche, car le shaytaan (le diable) mange et boit de la main gauche”.

Les quatre agresseurs ont prononcé ce serment en levant la main gauche.

Ils ont également publié cette photographie avec leurs visages floutés, afin de protéger leur identité.

La récitation de la Shahada ne peut faire l’objet d’aucun subterfuge : il s’agit d’un serment prononcé devant Dieu et devant les hommes.

De plus, le floutage de leurs visages indiquait que les assaillants avaient l’intention de survivre à leur mission.

Pour la plupart des militants affiliés à l’EI-K, le Nord est le chemin du martyre, un aller simple pour le paradis. Leur objectif est d’infliger le plus de souffrances possible avant d’être chassés de cette terre des mortels, acte généralement confirmé par l’utilisation d’un gilet-suicide déclenché à un moment où davantage de morts et de destructions peuvent être infligées.

Or, les auteurs de l’attentat contre le Crocus City Hall ne portaient pas de gilet-suicide. En effet, ils n’avaient pas l’intention de perdre la vie, mais plutôt de vivre et de pouvoir savourer le fruit de leur labeur, un prétendu paiement de 5 500 dollars pour services rendus.

Il ne s’agissait pas de militants islamistes.

Il s’agissait de mercenaires déguisés en militants islamistes.

Une fois leur carnage terminé, les prétendus combattants de l’EI-K ont sauté dans leur voiture et se sont dirigés vers leur “vrai nord”.

L’Ukraine.

L’Ukraine. La source de leur financement.

L’Ukraine. La source de leur motivation.

L’enquête russe sur l’attentat terroriste n’en est qu’à ses débuts. De nombreux faits restent à élucider.

Mais une pléthore de données permet de compléter le puzzle avec suffisamment de pièces pour voir émerger un schéma discernable.

Les autorités russes ont tout fait pour s’assurer que les quatre auteurs de l’attentat soient capturés vivants.

Les auteurs sont en train d’être interrogés. Bon nombre des techniques utilisées par la Russie ne seraient pas autorisées aux États-Unis, car elles pourraient facilement être qualifiées de torture. De plus, de nombreux professionnels du renseignement – dont je fais partie – ne reconnaissent pas la valeur d’un aveu fait sous la contrainte.

Néanmoins, les enquêteurs russes ne partent pas à la pêche aux informations, mais s’appuient sur des faits précis tirés de l’examen médico-légal des téléphones portables des quatre terroristes, actuellement en la possession des autorités russes. L’un de ces téléphones a été retrouvé sur les lieux du crime, et les données qu’il contenait ont été utilisées par les agents de sécurité russes pour suivre les terroristes alors qu’ils quittaient Moscou en direction de l’Ukraine. Les numéros de téléphone contenus dans le téléphone retrouvé ont permis aux Russes de localiser les autres téléphones, et de surveiller en temps réel les appels téléphoniques passés par les terroristes, y compris les nombreux appels à des interlocuteurs en Ukraine qui s’efforçaient de créer une brèche dans la frontière russo-ukrainienne par laquelle les terroristes pourraient s’enfuir.

Le Nord le vrai.

Les Russes ont pu identifier la structure centrale d’un réseau de soutien à Moscou qui fournissait aux quatre terroristes des moyens de transport et un logement.

Onze arrestations ont été effectuées dans ce cadre.

Les Russes ont identifié un réseau actif en Turquie qui a participé au recrutement, à l’entraînement, à la préparation logistique et au soutien de l’opération terroriste à Moscou.

Quarante arrestations ont été réalisées en conséquence.

Mais surtout, la Russie a recueilli suffisamment d’informations pour lancer un mandat d’arrêt contre le chef des services de sécurité ukrainiens, Vasyl Malyuk, accusé d’incitation publique au terrorisme. De même, le chef des services de sécurité russes, Alexander Boritnikov, a déclaré que lorsqu’il s’agira de juger les Ukrainiens susceptibles d’avoir été impliqués dans l’attentat contre la salle de concert Crocus, “la messe sera dite”.

La Russie semble ainsi naviguer d’un point à l’autre.

Non pas vers un havre de paix, mais plutôt sur la voie de la vengeance.

Et son “vrai nord” est le même que celui des terroristes.

L’Ukraine.

 (*) Ndlr: L’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Anatoli Ivanovitch, a précisé en effet que la Fédération de Russie n’avait reçu aucune communication officielle de la part des USA.

Source:  Scott Ritter,  27 mars 2024

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Derrière le massacre de Moscou

Manlio Dinucci, 29 mars

L’attaque terroriste à la salle de concerts de Moscou, qui a provoqué la mort de 140 civils sans défense (nombre qui peut augmenter étant donné le nombre élevé de blessés) a été accompli par quatre tueurs professionnels, membres de l’ISIS-K (État Islamique Khorasan), qui ont accompli le massacre avec une froideur impitoyable. La dynamique de l’attaque montre qu’il est impossible qu’ils aient agi seuls.

C’est ce que souligne le président Poutine dans son discours aux citoyens de la Russie : “Ils ont tenté de fuir et se dirigeaient vers l’Ukraine, où, selon les premières informations, avait été préparé pour eux un passage sur le côté ukrainien pour traverser la frontière. Nous sommes en train d’identifier et de démasquer la base de complices qui se tient derrière ces terroristes : ceux qui leur ont fourni le transport, planifié les voies de fuite de la scène du crime et préparé les planques avec armes et munitions. Toutefois, il est déjà clair que nous ne sommes pas simplement devant une attaque terroriste planifiée avec soin et cynisme, mais face à un homicide de masse prémédité et organisé. Comme les nazis qui autrefois accomplissaient des massacres dans les territoires occupés, ils ont planifié une exécution démonstrative, un acte sanguinaire d’intimidation. Tous les auteurs, les organisateurs et les cerveaux de ce crime seront punis de façon juste et inévitable, quels qu’ils soient et quels que soient ceux qui les ont dirigés. Nous identifierons et remettrons à la Justice chaque individu qui est derrière ces terroristes”.

L’ISIS-K est une faction de l’ISIS -le mouvement islamiste promu, financé et armé par les États-Unis, par les membres européens de l’OTAN et par les monarchies du Golfe, pour détruire de l’intérieur l’État syrien, pour fragmenter ultérieurement l’Irak, la Libye et d’autres pays. Quand, après vingt ans de guerre, USA et OTAN sont obligés de se retirer de l’Afghanistan, où les Talibans arrivent au gouvernement, l’ISIS-K commence une série d’attaques terroristes sanglantes en Afghanistan, qui s’étendent ensuite à l’Iran et au Pakistan au fur et à mesure que s’étendent la zone et l’influence des BRICS fondées sur l’étroite coopération entre la Russie et la Chine.

Nous sommes donc face à une relance du “terrorisme islamique” opéré principalement par les services secrets étasuniens et britanniques, avec à leurs cotés ceux d’Ukraine et autres. L’objectif est de frapper à l’intérieur la Russie au moment où elle est en train de l’emporter militairement sur l’Ukraine de Kiev, et de justifier la guerre d’Israël contre les Palestiniens et les opérations guerrières USA au Moyen-Orient en les faisant apparaître comme des actions de défense contre le “terrorisme islamique”. Dans le cadre de cette stratégie la possibilité existe d’attaques terroristes aussi dans des pays européens membres de l’OTAN. 

Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo de vendredi 29 mars 2024 à 21h30 sur la chaine italienne TV Byoblu

https://www.byoblu.com/2024/03/29/dietro-la-strage-di-mosca-grandangolo-pangea

Traduit de l’italien par M-A Patrizio

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